© Victor Diaz Lamich
La quête d’une peau couleur liberté
D’une modernité saisissante, le Théâtre Denise-Pelletier (TDP) ouvre sa 61e saison sur le grand plateau avec l'ensorcelant spectacle PEAU D’ÂNE, écrit et mis en scène par Félix-Antoine Boutin et Sophie Cadieux, en coproduction avec Création Dans la Chambre et le Théâtre français du CNA.
Le chemin est long encore avant la liberté
Dans une ambiance théâtrale surréaliste, nous suivons tout d'abord l'enfance heureuse et innocente de Petite-Peau qui aime jouer à cache-cache dans les bois, se rouler dans la boue et parler (et faire parler son ânesse, qui joue alors un rôle de conscience, de confidence et de conseil) jusqu'à la perte tragique de sa mère qui nous amène à l'adolescence de notre protagoniste.
Sa mère lui fait promettre qu'elle devra tout faire pour que son père ne remarie pas avec une femme moins belle qu'elle. C'est alors que ce dernier, dévasté par la mort de son épouse, entre dans une boucle obsessionnelle et perverse, en souhaitant se marier à sa fille.
C'est alors que Petite-Peau fera tout pour se dérober de l'emprise de son père en lui demandant de lui créer des robes impossibles à réaliser (couleur chagrin, couleur du temps, couleur espoir, ...) qu'il parvient toujours à lui confectionner. Petite-Peau demande alors l'imparable : la peau de son ânesse qui fait la richesse de son peuple, et s'enfuit pour partir en quête de sa vraie peau avec l'aide de sa Marraine, qui lui soumet une série d’épreuves et de rituels émancipateurs.
La vie est un processus de métamorphose perpétuelle
La mise en scène de Félix-Antoine Boutin et Sophie Cadieux et les costumes extravagants conçus par Elen Ewig, brillamment inspirés du film iconique de Jacques Demy pour nous offre un voyage onirique. Bien que le conte prenne un peu de temps à trouver son énergie, Sophie Cadieux (la mère, Peau d'âne) et Éric Bernier (la voix du père, la Marraine, le prince) nous embarquent par la suite dans un théâtre aux touches absurdes et burlesques sublimé par un texte audacieux aux thématiques contemporaines que sont le consentement, le pouvoir et la quête d'émancipation.
Le duo propose un texte à la fois dense et précis, mêlant une poésie raffinée à des moments d’une intensité brutale. Cette écriture nous plonge dans un univers noir et poétique, mais ancré dans la réalité, où la métamorphose devient un chemin vers l'émancipation.
Cette fable initiatique m'interroge : combien de peaux une femme devra-t-elle revêtir au cours de sa vie pour arborer toutes les identités qu’exige la société ? Exise-t-il une peau couleur liberté ?
Et toi, dans tout ça, tu en penses quoi ?
© Victor Diaz Lamich
Équipe artistique
D'après le conte de Charles Perreault
Texte et mise en scène : Félix-Antoine Boutin et Sophie Cadieux
Avec : Sophie Cadieux et Éric Bernier
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