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Cette colline n'est jamais vraiment silencieuse

Coup de cœur de la rédac'

© Maxim Paré Fortin

Un éternel recommencement

Dans Cette colline n’est jamais vraiment silencieuse, quatre êtres sont coincé·es dans un cycle infini de recommencements. Chacun·e est libre, mais pourtant inlassablement tourmenté·e et accablé·e par ses pensées obsédantes, les tâches à accomplir, la peur de manquer d’argent, la nécessité de profiter de l’été... Seul un langage plein d’humour leur permet d’avancer, jusqu’au débordement qui les mènera dans leurs derniers retranchements.


Avec ce théâtre de l’absurde hautement comique, Gabriel Charlebois-Plante propose une expiation collective en nous tendant un miroir dans lequel on reconnaît peu à peu le reflet de nos vies parfois insensées. Portée par les performances remarquables des interprètes (Philippe Boutin, Amélie Dallaire, Papy Maurice Mbwiti, Élisabeth Smith), la pièce nous entraîne dans une vertigineuse exploration des rapports de pouvoir et de l’origine du châtiment.


Je pourrais ouvrir la porte.

Inspirée du mythe de Sisyphe, la pièce explore ce sentiment d’éternel recommencement. Minutieusement pensée, la mise en scène capte à la fois la lourdeur et la beauté de cette répétition. Les saisons défilent, tout comme les pensées des personnages qui se heurtent aux obstacles d'une existence faite d'incertitudes. Rien n’est jamais acquis, et ce sentiment est renforcé par une scène recouverte de pierres, symbole du fardeau que chacun porte. Les personnages avancent sur un sol jonché de pierres, ce qui rend leurs déplacements instables, reflétant le déséquilibre de nos vies lorsqu'elles sont contrôlées par nos pensées. Le décor, épuré mais évocateur, devient le miroir de ces tourments intérieurs. À travers leurs mouvements absurdes et répétitifs, les personnages semblent chercher une issue, une respiration, sans jamais vraiment parvenir à la trouver.


Cette colline n’est jamais vraiment silencieuse explore avec finesse l’angoisse du quotidien, tout en nous offrant la possibilité d’une réflexion profonde sur notre propre rapport à l’imperfection de la vie. Le mythe de Sisyphe, loin d’être lointain, se révèle plus actuel que jamais.


Un mythe qui résonne

L’éclairage, centré sur un seul projecteur, accompagne les personnages comme un complice silencieux. Il les éclaire, les guide, mais parfois semble aussi les observer, les écouter, tel un maître des lieux (Dieu ?). Ce jeu subtil entre lumière et obscurité crée une atmosphère suspendue, où même les silences parlent. Sur scène, la colline de pierres devient un personnage à part entière : elle craque, bruisse, ne s’arrête jamais vraiment. Même quand personne ne parle, elle continue de faire du bruit, rappelant que l’existence est un cycle qui ne s’interrompt jamais.


Sommes-nous condamnés à l’insatisfaction ? La pièce pose cette question essentielle avec une délicatesse qui frappe : sommes-nous enfermés dans nos propres pensées, incapables de sortir de cette boucle anxieuse ? Devrions-nous souffler sur ces pensées qui nous assaillent et simplement nous laisser porter par le courant ? Peut-être qu’au lieu de chercher constamment à atteindre le sommet, il est temps d'accepter que le chemin lui-même a son importance.


Et toi, dans tout ça, tu en penses quoi ?


© Maxim Paré Fortin


Équipe artistique

Texte et mise en scène : Gabriel Charlebois-Plante

Avec : Philippe Boutin, Amélie Dallaire, Papy Maurice Mbwiti, Élisabeth Smith

Lumière : Julie Basse

Scénographie : Odile Gamache


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