
D'une génération à l'autre
C’est à une performance atypique que nous convie Soleil Launière, artiste innue pluridisciplinaire, en invitant à l’accompagner sur scène sa fille de un an, sa mentore de 70 ans et une contrebassiste.
Aianishkat signifie d’une génération à l’autre. S’il est un élément essentiel qui traverse les sociétés autochtones sur tous les continents c’est la notion de transmission générationnelle. Autant l’aînée que le très jeune enfant nous transmettent, au quotidien, des apprentissages importants pour la pérennité du territoire et de ses habitants, humain comme animal.
Pour la génération de Soleil Launière et de celle qui la précède, ces liens vitaux se sont vus fragilisés en raison du bris intergénérationnel forcé des familles.
Mouvements et corps sont à chaque représentation soumis à la plus grande écoute et à une adaptabilité totale avec ce bébé en bas âge qui amène avec lui une touchante imprévisibilité.
Une transmission de souvenirs
La scène d’ouverture pose d’emblée le cadre : une aînée se tient là, figure imposante, ses longs cheveux porteurs d'histoires (les siens ou ceux des générations précédentes), qu'elle amène au cœur d'un immense saule pleureur, gardien de souvenirs, dont les feuilles ressemblent à des tresses.
C'est alors qu'entrent en scène Soleil Launière et son jeune enfant. Ce bébé, symbolisant l’avenir, nous rappelle aussi la responsabilité que chaque génération porte : celle d’enseigner, de protéger, et d’évoluer dans un environnement apaisant et sécuritaire. La présence de Maé crée des moments d’improvisation qui confèrent une authenticité troublante et touchante à la performance.
Launière explore la féminité, la maternité et la mémoire à travers une physicalité à la fois délicate et puissante. Chaque son et geste laissent place à un dialogue intime entre les corps des interprètes. Le silence, ponctué de chants discrets et des sons de la contrebasse, accompagne le spectateur dans une contemplation presque méditative.
Si Aianishkat brille par sa profondeur et son authenticité, il semble manquer une conclusion marquée. Ce choix peut déconcerter, car il laisse le spectateur dans une forme de frustration. Cependant, on comprend rapidement que cette absence de conclusion est en elle-même une réponse. La transmission ne s’arrête jamais. Elle est un cycle, un passage de relais continu, où l’histoire reste à écrire pour la prochaine génération.
Et toi, dans tout ça, tu en penses quoi ?
Équipe artistique
Mise en scène : Soleil Launière
Interprètes : Soleil Launière, Rasili Botz, Maé-Nitei Launière-Lessard
Contrebasse : Émilou Johnson
Dramaturgie et lumières : Gonzalo Soldi et Anne Lagacé
Environnement sonore : Laure Anderson
Costumes : Ange Blédja Kouassi
Productrice : Julie Marie Bourgeois
Coproduction et résidence de création : Agora de la danse
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